Pourquoi proposer la LSF à nos enfants dyslexiques ?

 

Cette idée vient d’une expérience vécue par un jeune homme dyslexique sévère, qui a passé  son BAC l’année précédente, 2008.

 

Pour la plupart d’entre nous (parents) cela semblait être une expérience novatrice et formidable, alors pourquoi ne pas tenter et proposer nous aussi à nos enfants d’essayer ?

Cette expérience, nous tenons à ce mot parce que nous n’avons pas encore de recul suffisant  pour en analyser les effets, s’est mise en place depuis peu, mais déjà certains parents ont pu remarquer des changements chez leurs enfants.

Peut-être que dans quelques temps, on nous demandera d’expliciter cette expérience pour qu’elle puisse se transmettre et se propager ….

En effet les enfants dyslexiques souffrent de leurs dyslexies respectives : le verbe souffrir est à prendre au sens moral,  dont les répercussions  peuvent  parfois êtres nocives et les desservir.

Des enfants dyslexiques on dit : qu’ils sont paresseux, fainéants,  qu’ils ne font pas d’effort, qu’ils le font exprès, qu’ils n’apprennent pas leurs leçons, qu’ils sont menteurs, méchants etc…  qu’ils ne comprennent rien …. qu’ils sont gogols !!!!

Ils ne sont pas paresseux, ils travaillent plus que les autres pour y arriver moins bien, ils apprennent leurs leçons consciencieusement pendant des heures et des heures (les parents en savent quelque chose …) mais lorsqu’il faut restituer …. le trou de mémoire, ils ont beau chercher et faire un tas d’efforts …. plus rien …. Ils tentent d’expliquer qu’ils ont appris et travailler mais on ne veut pas les croire ….. Et lorsqu’on dépense tant d’énergie pour rien …… et que personne à l’école  n’en tient compte  ou ne vous écoute pas attentivement sans vous rejeter …. il peut arriver que le désespoir et l’incompréhension amène à ce qu’on va appeler de la méchanceté ou de l’agressivité.

Mais dans ces cas là très peu de personnes essaient de comprendre.

Seule la répression est la réponse, et ce cycle infernal peut conduire lentement mais surement l’enfant incompris vers le désespoir, le repli sur lui même, la non estime de sa personne, la dévalorisation etc… il ne va faire que baisser, que tomber, que régresser … d’où la souffrance énorme dont certains enfants peuvent être porteurs…

Et dans ce processus, les parents peuvent  jouer  un rôle essentiel….. Nous devons nous décomplexer (parents et enfants), personne n’y peut rien…

Nous devons croire en nos enfants, être à leurs cotés, les encourager, expliquer, demander, réclamer, pour qu’ils puissent accéder aux mêmes choses que les autres, parce qu’ils ont des capacités et parce que si on accepte sa différence et ses difficultés », on peut mieux en parler….

Quelle énergie et surcroit de travail il faut à toute la famille !!!!!

Alors pourquoi la langue de signes ?

Parce que pour certains, la langue des signes est une manière nouvelle d'apprendre, de retenir, qui va venir s'ajouter aux autres et va considérablement les aider.

Nous évoquons avec nos enfants « l’image mentale » pour mieux retenir les leçons … c’est se faire un petit film dans sa tête et après on a plus de facilités à restituer ce qu’on a appris.

Mais ce n’est pas toujours facile à expliquer et très difficile à comprendre pour les enfants. La langue des signes est une langue imagée et  gestuelle, agglutinante (un signe peut évoquer plusieurs mots), ils vont donc réussir à associer le mot avec le signe et vont se faire des images mentales plus facilement puisqu’ils auront cette capacité en plus qu’ils développeront ; voir ce qu’on dit … Les images mentales vont se concrétiser … mieux utiliser leur mémoire.

Ces enfants incompris vont apprendre quelque chose en plus de leurs pairs, ils vont surement en parler, montrer … leur place va surement changer, ils seront peut être plus valorisés …. Sur le plan narcissique cela fait du bien, restaure. Ils vont pouvoir communiquer entre eux, une complicité va s’installer ; parfois cela aide pour supporter le reste de la semaine et tenir un peu plus …

Ils sont introvertis, repliés sur eux mêmes, cela fait tellement longtemps qu’ils n’osent plus … se faire oublier est parfois devenu leur quotidien dans la  poursuite de leur scolarité   

La langue des signes appelle l’expression avec le corps, ils vont de ce fait prendre plus d’espace naturellement et commencer « à sortir de leur coquille et se faire voir » … Cela va leur donner un peu plus  d’assurance.

Se sont probablement des petites choses aux yeux de certains mais pas pour nous qui voyons et regardons nos enfants s’exprimer ainsi avec beaucoup de plaisir et de fierté  !!!!

Il y a aussi quelque chose d’essentiel et de nouveau dans cet apprentissage, c’est que le stress a disparu… Plus de maux de ventre ou de tête… Un vrai miracle… Pourquoi ?

Mais parce qu’il n’y a pas de note, parce que chacun a le droit de se tromper, parce qu’ils n’y a pas les bons et les mauvais … Pour la première fois, ils décident d’apprendre uniquement pour le plaisir…

N’est ce pas un signe encourageant et positif ? Un signe qui dirait ; ça vaut le coup d’essayer !!!

Dernier point important, plus réel et moins idéal, c’est le brevet des collèges, le BAC, les examens en général…

Les élèves dyslexiques ont beaucoup de difficultés avec l’apprentissage des langues, et l’anglais est la plus compliquée de toutes… On peut demander une dispense de langue pour certains examens, on peut aussi mettre plus de chances de son côté et présenter des options qui vont faire gagner des points…

Comme la LSF par exemple.

Le jeune homme qui a ouvert la voie  et que j’ai cité au début de cet écrit a passé son BAC en présentant cette option en L.V I, il a obtenu une très bonne note, mais il a commencé l’apprentissage de cette langue relativement tôt.

Parmi les élèves qui sont inscrits en LSF la plus âgée est en première, elle passera son BAC l’an prochain avec cette option LSF en LV III.

Quatre collégiens ne seront concernés par le Brevet des collèges que l’an prochain, cela risque d’être une première dans notre département, ce sera notre gros chantier de travail pour la future année 2009/2010.

Les autres enfants sont plus jeunes, ils pourront donc bénéficier de l’expérience de leurs ainés et des portes qu’ils leurs auront grandes ouvertes…

Ils auront également un meilleur niveau et pourront obtenir plus de points… Et parmi eux pourquoi pas des futurs interprètes ou des animateurs de centres de loisirs  ayant la capacité de comprendre les enfants différents ?

Ne pas oublier que l’intégration, c’est tous ensemble avec chacun ses spécifiés…

C. Demeulemeester pour SOM’Dys